Publié par aplusglass.com – Mise en ligne le 09/10/2022

Alors que l’Union européenne (UE) prévoit d’interdire la vente de véhicules neufs à émission non nulle d’ici 2035, l’industrie automobile a proposé le carburant de synthèse comme alternative aux voitures électriques, ce qui pourrait prolonger la durée de vie de la combustion interne. Cependant, de nouvelles recherches suggèrent que la technologie ne sera probablement pas en mesure d’alimenter de nombreux véhicules européens.

Une analyse publiée par l’entité Transport & Environnement révèle que les fabricants de carburants de synthèse du Vieux Continent ne pourront fournir leur énergie qu’à 2 % de tous les véhicules en Europe d’ici 2035. Cela ne représente que 5 millions des 287 millions prévus.

« Les e-carburants sont présentés comme un moyen neutre en carbone de prolonger la durée de vie de la technologie des moteurs à combustion », déclare Yoann Gimbert, analyste en mobilité électrique chez Transport & Environnement. « Mais les données de l’industrie montrent qu’il n’y en aura assez que pour une petite fraction des véhicules sur la route. Les législateurs devraient fermer la porte de ce cheval de Troie pour l’industrie des combustibles fossiles ».

Carburant de synthèse : une fausse bonne solution ?

L’analyse prend également en compte tous les fournisseurs européens de carburant de synthèse, et pas seulement ceux qui fabriquent le carburant en utilisant de l’électricité à zéro émission. Le nombre de véhicules qui pourraient fonctionner avec des carburants non fossiles et qui seraient effectivement rendus sans émissions serait beaucoup plus petit. Pendant ce temps, le groupe affirme qu’il serait irréaliste pour l’Europe de s’attendre à pouvoir importer des carburants carbone neutres pour le climat à une échelle suffisamment importante pour alimenter son parc automobile.

Cela retarderait également très probablement les efforts de décarbonisation dans les pays en développement. « En Europe, les carburants synthétiques pour les véhicules absorberaient l’électricité renouvelable nécessaire au reste de l’économie », a déclaré Yoann Gimbert. « Il est également naïf de supposer que les pays en développement, dont certains manquent d’énergie pour leurs besoins de base, économiseraient sur leurs énergies renouvelables pour utiliser des carburants synthétiques dans les voitures européennes uniquement pour satisfaire les intérêts acquis des fabricants ».

Pire encore, les véhicules alimentés par des carburants synthétiques polluent plus que les véhicules électriques. À l’horizon 2030, Transport & Environnement prévoit qu’un véhicule électrique émettra 53 % de CO2 en moins sur sa durée de vie qu’un véhicule fonctionnant aux carburants de synthèse. L’essence artificielle émet également autant d’oxydes d’azote (NOx), les émissions qui ont mis le groupe Volkswagen en difficulté suite au scandale du Dieselgate, que les carburants fossiles.

Malgré les ambitions de certains constructeurs comme Porsche et de sports comme la Formule 1, Transport & Environnement considère qu’il n’est pas aussi efficace d’utiliser des carburants synthétiques pour les véhicules de tourisme que l’énergie électrique. Cependant, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de place pour eux sur le marché. « Les carburants synthétiques fabriqués en Europe devraient être prioritaires pour les avions et les navires, dont la plupart ne peuvent pas utiliser de batteries pour se décarboner », a déclaré Yoann Gimbert.