Publié par aplusglass.com – Mise en ligne le 08/10/2025

Entre 2020 et 2024, le prix moyen d’un véhicule neuf vendu en Europe a bondi de près de 24 %, soit environ 6 800 € supplémentaires par voiture. Une hausse sans précédent, qui interroge aussi bien les consommateurs que les pouvoirs publics. Si les constructeurs pointent du doigt l’inflation et le coût de la transition écologique, certains rapports mettent directement en cause leur stratégie commerciale.

Une envolée des prix bien réelle

Selon une étude publiée par Le Monde en mai 2025, les véhicules vendus en Europe sont devenus sensiblement plus chers, bien au-delà de la seule inflation générale (source).
Les modèles d’entrée de gamme, souvent plébiscités par les ménages modestes, se raréfient au profit de versions plus puissantes, mieux équipées… et nettement plus coûteuses. Le prix moyen d’une citadine électrique dépasse désormais les 30 000 €, même après déduction du bonus écologique.

Les constructeurs justifient cette évolution par une série de facteurs combinés :

• Augmentation du coût des matériaux (lithium, cuivre, acier),
• Investissements massifs dans l’électrification et la recherche,
• Réglementations européennes de plus en plus strictes (normes CO₂, sécurité, connectivité),
• Et bien sûr, hausse du coût de production et de transport post-pandémie.

Mais pour plusieurs analystes, ces arguments n’expliquent pas tout.

Une stratégie de montée en gamme ?

Le rapport européen cité par Le Monde souligne que les constructeurs ont aussi profité du contexte pour repositionner leur offre. Les modèles dits “low cost” disparaissent progressivement, laissant place à des véhicules plus technologiques, mieux margés.
Cette montée en gamme volontaire permet de compenser les volumes en baisse, notamment depuis la crise sanitaire. Autrement dit, les constructeurs vendent moins de voitures, mais plus chères.

Certains observateurs y voient une forme d’“inflation opportuniste”, où la transition écologique sert de levier marketing pour justifier des tarifs en hausse. À l’inverse, d’autres estiment que sans cette montée en gamme, les groupes européens ne pourraient pas financer les investissements colossaux nécessaires à la mutation énergétique.

Le consommateur au cœur du débat

Cette hausse des prix interroge directement la démocratisation de la voiture électrique.
En France, malgré les aides à l’achat, l’accessibilité reste un frein majeur : en 2024, une voiture électrique coûtait en moyenne 40 % plus cher qu’une thermique équivalente (source).
Résultat : les ménages reportent leurs achats, rallongent la durée de détention de leurs véhicules ou se tournent vers le marché de l’occasion, qui bat des records.

Les pouvoirs publics, quant à eux, appellent à une offre “électrique populaire”, moins chère et produite en Europe, pour éviter une fracture automobile entre catégories sociales.

Vers une nouvelle ère du marché automobile

L’explosion des prix marque peut-être la fin d’une époque : celle où la voiture neuve était accessible à la majorité. Entre transition énergétique, enjeux industriels et logiques de profit, le secteur automobile traverse une phase d’ajustement profonde.
Reste à savoir si cette mutation profitera, à terme, aux consommateurs… ou si elle accentuera la fracture entre mobilité durable et pouvoir d’achat.